Sorti depuis peu au pays du soleil levant, le dernier Level-5 se fait de plus en plus attendre, tant aux Etats-Unis qu’en Europe, où les fans de l’excellent Dark Chronicle commencent à astiquer leurs consoles en pensant aux futures nuits passées en compagnie de ce futur hit.
Dark Chronicle (aka Dark Cloud 2) avait divisé les foules. Certains y voyaient un titre franchement répétitif, la faute à un nombre d’heures incalculables passées dans des donjons aux salles plus ou moins identiques, alors que d’autres prenaient cette lacune pour une qualité, tant le nombre de choses qu’on pouvait y faire était hallucinant. Une véritable bombe de gameplay et rares sont les joueurs qui peuvent affirmer avoir entièrement terminé le soft.
Pour autant, un point essentiel à tout bon RPG digne de ce nom a été unanimement critiqué : son scénario, et ses personnages niais à souhait. Semblant avoir tiré les leçons de ses expériences passées, Level-5 nous offre enfin un univers bien plus attachant et sombre que ses précédentes productions. En effet, vos escapades iront bien plus loin qu’un simple pèlerinage autour d’un continent fragmenté en plusieurs climats et cultures. C’est donc au travers d’un voyage de planète en planète que vous suivrez l’histoire du jeune Jester Rogue, un « courageux solitaire » qui a grandi sur la planète désertique Rosa et qui verra son rêve de découvrir d’autres mondes se réaliser lorsqu’il croisera la route du pirate spatial Dolgengore.
A l’instar de son prédécesseur, Rogue Galaxy est un Donjon-RPG, ce qui signifie que vous passerez plus de temps à combattre qu’à récolter des infos sur votre quête auprès des divers autochtones. Seulement, là où Dark Chronicle marquait bien la distinction entre les phases de recherche (magasins, village…) et les nombreux labyrinthes, ici, le jeu se rapproche davantage d’un Kingdom Hearts, vu que les combats pourront se déclencher à n’importe quel moment.
Ainsi, il ne faudra pas vous étonner de devoir croiser le fer quelques secondes après avoir tergiversé avec un des nombreux habitants, ce qui pourrait inquiéter les nombreux fans quant à l’aspect répétitif du système. Fort heureusement, les développeurs ont travaillé le gameplay comme il se doit, donnant ainsi un dynamisme constant même si, de base, on ne criera pas au génie car, mis à part la possibilité de sauter, c’est un véritable copier-coller de Dark Chronicle (encore lui…) auquel nous avons affaire. On lock un ennemi, puis on effectue une attaque rapprochée (arme blanche), à distance (armes à feu) ou si l’envie vous en prend, et vous n’aurez parfois pas le choix, porter un monstre ou un élément du décor pour le balancer sur une cible. Malgré l’aspect brouillon qui se dégage parfois à l’écran dù au nombre de protagonistes, il vous sera impossible de vous faire passer pour un Berzerk en martelant les boutons d’attaque vu qu’une jauge bleue indiquant un nombre précis de coups est visible en permanence. Son utilité ? Lorsqu’elle est vide, votre personnage ne pourra plus attaquer pendant quelques secondes, donc mieux vaut bien calculer son coup pour ne pas finir les mains liées au centre d’un groupe de méchas armés. Si malheureusement cela venait à arriver, il vous faudrait compter sur un de vos alliés qui réagissent en fonction de l’IA que vous leur avez attribuée (voir la série des Tales of) ou, si vous le souhaitez, prendre le contrôle d’un d’entre eux pour en finir de vos propres mains.
Autre point très important dans les productions Level-5, les aspects secondaires, qui démultiplieront la durée de vie tant il semble au préalable impossible d’en voir le bout. Parmi eux, citons-en trois qui apparaissent dès les premières heures de jeu : les combats challenges, le système de compétences et enfin, le plus important, le tableau de chasse. Pour la première, rien de bien compliqué vu que les challenges en question se déclenchent automatiquement à la place d’un combat, et il vous suffit de suivre la condition imposée (ex. : temps limité pour vaincre l’ennemi) pour empocher des objets rares. La seconde est bien plus importante puisqu’elle reste indispensable si l’on veut survivre par la suite : durant le jeu, vous récolterez une multitude d’objets divers et variés allant de la bague en or à un rondin de bois et certains d’entre eux peuvent être fusionnés dans le menu adéquat pour obtenir une nouvelle habilité pour votre personnage. Proche du système de création d’objet de Dark Chronicle (qui nécessitait d’avoir pris les bonnes photos), mais en moins profond toutefois, il n’en reste pas moins accrocheur tant les récompenses peuvent être à la hauteur de l’investissement.
Enfin, citons le tableau de chasse, composé d’une centaine de participants, dans lequel vous débuterez bien entendu en dernière position. Pour gravir les échelons, rien de plus simple en théorie, car il suffit simplement de vaincre le plus d’adversaires possible, autant en genre qu’en nombre et mieux vaut vous dire que si augmenter de quelques places en début de partie est assez rapide, sachez que c’est en nombre d’heures qu’il faudra compter par la suite pour grimper d’un pallier. Gain de l’affaire : beaucoup d’argent, des boss optionnels et surtout des objets parmi les plus rarissimes.
Car c’est en cela que les productions Level-5 se démarquent de leurs concurrents : malgré l’aspect Donjon-RPG qui rime habituellement avec répétition, lassitude et autres ennuis, Rogue Galaxy (et son prédécesseur) est si bien construit que même les réfractaires au genre peuvent accrocher sans mal. Mieux, les à cotés prennent tellement de place que l’on passe énormément de temps dans les menus, diminuant le pourcentage de temps à combattre sur chaque partie. L’aspect technique, quant à lui, est de bonne facture avec un cel-shading resplendissant même si le design général reste moins accrocheur que l’illustre Dragon Quest VIII (n’est pas Akira Toriyama qui veut). Peu de ralentissements, des temps de chargements qui se font rares, une quasi absence de clipping…Ne parlons pas des cinématiques d’une beauté à couper le souffle et d’une mise en scène parfaite, soutenue par une OST aussi riche que magnifique (même si les meilleurs morceaux tardent à arriver). Mais… et les défauts dans tout ça ? Pas grand chose à signaler si ce n’est que l’on s’impatiente évidemment à goûter à ce joyau un peu plus en profondeur dans une langue plus accessible (espérons juste que les versions US et PAL gardent les voix d’origine… mais ne rêvons pas).
Une baffe magistrale et assurément la grosse surprise de ce noël japonais. Pour tout cela, rendez-vous fin 2006 pour accueillir chez nous le dernier bébé de Level-5 et, avec lui, un énorme test, car croyez nous, ce que vous venez de lire n’est qu’une infime partie de ce que recèle cette magnifique épopée.
art. tiré de playfrance
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